Dans une dizaine d’années, plus de la moitié des employés seront des non-salariés. Ils seront free-lances à temps partiels, managers de transition, contributeurs externes réguliers ou occasionnels, consultants, etc.
C’est une des conséquences fondamentales de la transformation numérique de nos sociétés et de nos entreprises. Le travail en mode CDI associé à une carrière mono-entreprise envisagée sur une vingtaine, voire une trentaine, d’années – qui était la norme de l’ère de la révolution industrielle – est devenue une exception, voire une aberration, au temps de la révolution numérique.
Après les « digital native » , une nouvelle vague arrive les « sustainable native ».Ils ne veulent plus d’une relation salariée avec une entreprise. Ils gèrent non plus leur carrière mais leur «branding » personnel, c’est-à-dire leur CV et leur page LinkedIn. Et plus ils ont un talent rare et recherché, plus ils exigent de travailler en mode projet sur des sujets excitants, en mode « win-win » temporaire mais avec des objectifs clairs et partagés, aussi rémunérateurs pour l’une et l’autre des parties concernées. Bref, c’est la fin du contrat de travail. Place aux contrats d’objectifs, de missions ou de projets qui donnent du sens.
Demain, en quelque sorte, nous serons tous des intermittents du spectacle !
Ces nouvelles formes de travail appellent d’ores et déjà de nouveaux modes de management, voire une nouvelle forme de gouvernance des entreprises.
Comment donner corps aux valeurs de l’entreprise, comment donner de la consistance à un management qui ne peut plus se baser presque exclusivement, comme avant, sur une relation de subordination ?
Il faut d’abord remettre à plat tous les processus de l’entreprise, éliminer ceux qui ne servent pas vraiment à grand-chose pour en simplifier l’organisation, définir des règles de subsidiarité pour les collaborateurs extérieurs, mettre en place le cadre de la créativité et de l’innovation, remettre de l’agilité partout où la rigidité paralyse, intégrer la mobilité au cœur de tout nouveau projet d’organisation.
Et changer les femmes et les hommes, bien sûr ! Pas forcément les personnes, mais surtout les mentalités, les modes de collaborations, de partage l’information et de prise des décisions:
Revoir les façons de donner des directives, de définir des objectifs, de les partager, de les quantifier, de fixer les moyens de les atteindre, de les découper en chantiers et d’en suivre le déroulé.
Revoir les façons de remettre de la reconnaissance et de la bienveillance, tout en maintenant un niveau d’exigence élevé, au cœur des relations humaines.
Une des bonnes façons d’y parvenir consiste à accueillir au sein même des comités de direction quelques managers de transition, lesquels sont par nature plus à mêmes d’intégrer ces nouvelles formes de travail à leur mode de management.
Interview avec Didier Krainc , Pdt Réseau « SoWhat »